Chronique

Une nouvelle "révolution" se prépare-t-elle pour Gucci ?

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Gucci revient poser ses valises pour sa toute nouvelle exposition Visions sur ses terres d’origine : à Florence, en Italie. Un choix qui n’a rien d’étonnant lorsque l’on sait que ce site est celui de son siège, berceau de son passé et de son présent. Mais cette exposition semble mobiliser un passé bien plus lointain que celui de la naissance de Gucci, une époque clef pour l’Art : la Renaissance, laissant présager, sans doute, celle à venir de la marque habituée à renaître, en véritable phénix du Luxe.

La Renaissance, impulsée à Florence, est un mouvement qui a su se nourrir d’un passé également plus lointain de l’époque médiévale à laquelle elle a succédé : le Temps greco-romain. Loin d’être un retour en arrière, ce fut l’inspiration porteuse d’un avenir prospère, celle qui a conduit à l’Innovation.

Gucci jetterait-elle son dévolu sur Florence pour laisser entrevoir sa propre Renaissance à venir ?

Le nom d’une exposition n’est jamais donné par hasard, et Visions par son pluriel semble porter une vision Gucci bien plus ambitieuse sur son avenir. Ce phénix qui ne se contente jamais de peu, laisse deviner une vision qui se projette bien plus loin qu’à long terme : une vision qui s’étend jusque dans un futur éloigné, démultipliant la Vision traditionnelle de la plateforme de marque en Visions innovantes.

C’est dès l’entrée de l’exposition que le pluriel s’incarne avec des mannequins habillés d’emblématiques pièces Gucci, présentés deux par deux sur leurs plateformes respectives. D’un dédoublement à une démultiplication de mannequins dans un autre espace, qui s’opère grâce à des miroirs disposés de façon irrégulière. Certains des miroirs transforment des robes iconiques en hologramme, apportant une dimension futuristique. Le mannequin passe de stockman à femme, une femme Gucci qui prend comme vie dans le futur de la marque.

Plus on avance dans l’exposition et plus l’esthétique Nova Geek qui fut impulsée par Alessandro Michele nous fait nous enfoncer davantage dans un nouvel espace-temps. Tel le SAS d’une fusée ou d’une soucoupe volante, les valises Gucci, chef d’œuvres qui ont lancé la marque, y sont exposées, encerclées par des néons, comme lévitant en apesanteur. Le passé de la maison se heurte au futur.

Au fond de la pièce, trônent les mythiques valises en cuir rouge-brun qui filent l’inspiration nomade de Guccio Gucci de ses premières pièces de maroquinerie. En toile de fond, un effet visuel nous projette à une vitesse supersonique, renforçant le contraste entre héritage et avenir, semblant nous embarquer dans un voyage vers le futur.

Une vitesse qui démultiplie et re multiplie les formes, provoquant un effet kaléidoscopique renversant de fleurs, grâce à une pyramide en miroirs. Ou encore dans la pièce quadrillée de l’iconique symbole du mors, formant comme une mosaïque de pixels. La démultiplication devient elle-même supersonique dans la "Galerie des sacs" qui s’apparente à une bibliothèque dont les livres ont été remplacés par ces chefs-d’œuvre de maroquinerie et dont les étagères sont démultipliées à l’infini grâce à un design infinity mirror box.

Et cette bibliothèque prend tout son sens lorsqu’apparaît une nouvelle pièce dont l’entrée est encadrée d’un marbre qui semble tout droit sorti d’une époque antique, portant la mention en lettres d’or dans la langue originelle de Gucci : Biblioteca. Mais ce ne sont pas des livres qui trônent à l’intérieur.

De la première pièce à la dernière, c’est comme si l’on prenait de la vitesse, propulsés dans un avenir qui s’étend bien au-delà de la frise apposée le long d’un des murs : une frise qui retrace les moments clefs de Gucci incarnés par ses grands Directeurs de Création.

Cette bibliothèque, similaire à la control room Gucci, renferme 8 écrans encerclés de néons, venant renforcer l’esthétique futuriste de cette exposition. Peut-être sont-ils les livres numériques qui renferment l’avenir de la Maison ?

Les premières bibliothèques sont créées à la Renaissance, et leurs livres antiques sont étudiés par les artistes de l’époque qui, à partir de là, ouvriront alors une nouvelle ère artistique. La boucle semble bouclée, le lien à la Renaissance certifié et le siège vide nous invite à assister à un tournant qui va être pris par la marque. À moins que le siège vide ne soit celui de l’homme qui opérera ce tournant en septembre prochain lors de la Fashion Week Femme de Milan…

Début janvier 2023, Sabato de Sarno a pris les commandes du vaisseau Gucci à la place d’Alessandro Michele, véritable Révolutionnaire de la marque. Ce n’est pas la première fois qu’une exposition aux accents futuristes est mise en place. Et leur point commun est d’avoir précédé un grand tournant pour Gucci comme l’exposition à Florence Gucci Garden Archetypes pour les 100 ans de la marque, qui annonçait un prochain défilé à LA, mise en place par Alessandro Michele devenu par la suite le grand Révolutionnaire de la Maison.

Visions est une exposition disruptive qui n’expose pas seulement le passé et le présent mais qui expose aussi le futur. Plus qu’une nouvelle "Révolution", la marque nous préparerait-elle à une Renaissance ? De phénix à Sankofa, il n’y a peut-être que 2 mois.

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