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Matthieu Blazy : espoir chez Chanel, désespoir chez Kering

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Je l'avoue, je suis en admiration devant le travail de Matthieu Blazy chez Bottega Veneta. À mes yeux, lui et Jonathan Anderson incarnent la vision la plus juste de ce que l'objet de luxe doit redevenir dans les cinq prochaines années : le summum d'un artisanat porté à son apogée, alliant une qualité irréprochable à une audace créative permanente. Un concept en une phrase : l'artisanat contemporain désirable.
Ces deux créateurs élèvent l'objet de luxe au rang d'œuvre culturelle, sans défiler dans une galerie d'art.

Blazy, quant à lui, commence par l'objet. Il construit une Aesthetic qui résonne autant dans la communication que dans les boutiques, en faisant des égéries non pas le centre d'attention, mais un véhicule au service de son message créatif. Il a parfaitement saisi que l'antidote à la "Luxe Fatigue" réside dans la bataille pour la VALEUR PERÇUE des clients. Avec lui, la valeur de votre marque suit l’ascension d’un Kelly Hermès sur le marché secondaire...

Le choix d'Alain et Gérard Wertheimer de "débaucher" Blazy de chez Kering est une décision stratégiquement brillante. Il s'inscrit comme une réponse directe à la crise de valeur que traverse Chanel suite à sa politique d'ultra-augmentation des prix. Avec Blazy, tout deviendra un métier d'art chez Chanel, mais dans une version résolument tendance MET.

Ce choix invite également à reconsidérer l'influence réelle de leur nouvelle CEO, Leena Nair, dont l'essentiel des prises de parole sont centrées sur la féminisation du top management de Chanel.

Quant à Kering, c’est une autre histoire. Le groupe, autrefois si brillant pour révéler de nouveaux talents (Alessandro Michele, Matthieu Blazy...), semble aujourd’hui avoir perdu la main. Saint Laurent stagne sous la direction d’Anthony Vaccarello, Gucci peine à retrouver sa désirabilité avec Sabato De Sarno, et même les débuts d’Alessandro Michele chez Valentino restent à confirmer.

Et Louise Trotter, qu’en penser ? De mon point de vue, elle n’a jamais vraiment suscité d’enthousiasme, ni chez Lacoste, ni chez Carven. Son style a été parfaitement résumé par Le Monde en octobre 2023 : "Des silhouettes raffinées, sans folie mais sans fausse note".

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