Chronique

Pharrell Iᵉʳ, roi des planneurs stratégiques créateurs.

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Il est plus de 8 AM, et il y a tant de choses à dire du premier défilé de Pharrell Williams pour Vuitton.

Il révèle tellement des ambitions du luxe en 2023, sa dimension culturelle assumée, la place de la collaboration au centre du geste créatif, le poids écrasant du starpower (Hollywood était dans le public, pas "on stage"), la transformation du "fashion show" en mi-temps musical du Superbowl, la domination culturelle américaine, en particulier afro-américaine, enfin la transition en grande pompe de la "Maison de Mode" en "Marque Culturelle".

Cela ne va pas plaire à tout le monde (tant mieux) mais Williams a réussi son entrée (sa sortie aussi, qui a duré plus de 3 minutes sur les 24 minutes de show, un record mondial).

Pharrell Williams est le "Planneur Stratégique Créateur".

  • Il le dit avec beaucoup de clarté, il porte le regard du client LV, il en est son premier ambassadeur. Ainsi, il assume pleinement l'essence du marketing, comprendre et servir le client. Le succès commercial de sa collection semble tracé, avec un vestiaire plus large et une ambition de plaire aux clientes également, comme l'a initié Hedi Slimane, il y a 23 ans.
  • Il est une éponge des codes visuels Vuitton et des grammaires esthétiques contemporaines. Il est la grande machine à hybrider, il prend les derniers ovni visuels fashions (cf. la pixilisation du vêtement imaginé par Jonathan Anderson, lui aussi planneur stratégique créateur, en mode intellectuel) et les métisse à la mode LV, en mode "Damoflage". Williams hypnotise le client avec sa fragmentation à l'infini du code "damier", une vraie "tiktokisation vuitton".
  • Il a compris qu'il fallait transformer les Fashion Show en Blockbuster Show, en grande messe pour l’algorithme, et ainsi gagner la guerre de l'attention. Le LV spring summer 2024 était une comédie musicale entre Broadway et Paris, dont le titre aurait pu être "Jesus Vuitton Superstars".
  • Il a compris que que la longévité dépendait de sa capacité à s'hybrider ou pas...

Chapeau bas, le N.E.R.D.

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