Chanel gagne son procès contre le chausseur Jonak

Publié le par Journal du Luxe

Certains modèles de souliers Jonak seraient-ils trop proches des créations de la Maison de la rue Cambon ? C’est en tout cas ce que confirme un jugement rendu il y a quelques jours par la Cour d’appel de Paris.

Les Slingback de la discorde

Un design bicolore beige à bout noir, un jeu de brides encerclant les côtés et l'arrière du pied, un talon carré : bien trop de similitudes pour relever de la simple coïncidence selon Chanel qui accuse le chausseur français Jonak de s'être un peu trop inspiré de l'un de ses plus célèbres modèles, la Slingback, pour concevoir ses escarpins Dhapou et Dhapop.

Le coeur du dossier étudié par la Cour d'appel de Paris le 16 octobre dernier portait ainsi sur la notion de concurrence déloyale et plus particulièrement de parasitisme, une infraction qui consiste à tirer indûment profit de la notoriété, des savoir-faire et/ou des investissements d'une autre entreprise. Si la cour a pointé du doigt quelques différences entre les deux paires telles que la couleur du talon (beige pour l'un, noir pour l'autre) ou la forme de la bride, ce sont bel et bien les similitudes qui ont pesé dans la balance et notamment le fait de proposer la chaussure, dans les deux cas, dans deux versions de hauteur de talon.

La justice, qui a donc tranché en faveur de la griffe de luxe et de sa Slingback imaginée en 1957 par Gabrielle Chanel, a condamné Jonak à verser 150.000 euros au titre de préjudice économique et 30.000 euros au titre de préjudice moral.

©Jonak

Il est également demandé à la marque, fondée en 1964 à Paris, de cesser la vente des modèles concernés dans cette association de couleurs et de les retirer du marché dans un délai d'un mois au risque de se voir assigner une astreinte de 1000€ par jour de retard.

Cette actualité intervient alors que l'industrie du luxe, dans un contexte d'hyperinflation, doit composer avec l'appétence accrue des consommateurs pour les produits dits "d'inspiration", "dupes", ou encore "pingti" en Chine. Un phénomène qui touche majoritairement la Génération Z : dans une étude menée par Business Insider, 71% des sondés issus de cette génération déclaraient l'année dernière acheter parfois ou très régulièrement des imitations. De quoi susciter la vigilance des grandes Maisons alors que la GenZ pourrait peser pour 30% des achats de luxe d'ici 2030.

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